L’intermodalité consiste à faire un trajet avec plusieurs modes de transport successivement. En ce qui nous concerne, c’est par exemple :
- Domicile → gare à vélo, puis train, puis à pied
- Domicile → arrêt de bus à pied, puis bus, puis vélo en libre-service (VLS)
- Domicile → gare à vélo personnel, puis train, puis vélo en location longue durée (VLD)
Vous trouverez plus de détails sur le site du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement)
La Loi d’orientation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019 élargit les compétences des autorités organisatrices de la mobilité (AOM) au développement et au soutien aux mobilités actives (vélo, marche), partagées (covoiturage, autopartage) et solidaires (plateforme de mobilité, garage solidaire, …).
L’objectif est ainsi que les collectivités puissent développer et renforcer les solutions de mobilités offertes à leurs habitant·es avec une attention sur l’offre à destinations des territoires et publics vulnérables.
Trafic : surcharge et absence de modularité
Depuis 2019, le trafic ferroviaire ne cesse de croître, ce qui est pour nous une bonne chose : +68% en nombre de personnes transportées. Le nombre de vélos dans les trains a augmenté de manière encore plus importante. Le parc de matériel n’a pas augmenté durant cette période. On a donc sur certaines lignes et à certaines heures des trains qui sont surchargés, et où des conflits d’usages sont de plus en plus fréquents entre cyclistes (et usagèr·es des trottinettes) et piéton·nes.
Malgré une croissance de la demande d’emplacements vélo supérieure à la croissance du nombre de passager, la région refuse d’augmenter les capacités d’emports vélo sur les nouveaux matériels ou les matériels rénovés au-delà du minimum légal.
Dans le même temps, par exemple, la région Grand Est commande 30 Regiolis avec 18 emplacements vélo. Les autres régions augmentent les capacités d’emport vélo sur les lignes touristiques durant la période estivale par des systèmes modulaires ou des bâches sur les sièges. Il n’en est pas question en Occitanie.
La vision de la région Occitanie : contraindre la demande
En 2022, le Vice-Président en charge des transports M. Jean-Luc Gibelin, a effectué un voyage d’études aux Pays-Bas. Il a souhaité mettre en œuvre le même système en Occitanie malgré des contextes très différents et a surtout retenu le premier point caractéristique du système néerlandais, sans renforcer sérieusement les autres piliers de l’intermodalité :
- Peu ou pas d’emport des vélos dans les trains
Des parkings sécurisés et capacitaires dans toutes les garesUn accès aux parkings lié à l’abonnement de trainUn système de location de vélo lié à l’abonnement de train (OV-Fiets)Des systèmes de Vélo en Libre-Service (VLS) dans les grandes villesDes vélos simples à utiliser, à stocker et à entretenir
Réservation obligatoire : un système qui décourage l'intermodalité
Depuis, la région a mis en œuvre un système de réservation obligatoire et gratuite (Accès Vélo Serein) pour les vélos dans les TER de son réseau liO, qu’elle étend d’année en année :
- En 2022, à pâques et en juillet-août sur la ligne Toulouse–Narbonne
- En 2023, en juillet-août sur les lignes Toulouse–Narbonne et Avignon–Port Bou
- En 2024, en juillet-août sur tout le réseau liO
- En 2025, les week-ends, jours fériés (à partir du 1er mai) et en juillet-août et sur tout le réseau liO
Ailleurs en France et en Europe
En 2025, toutes les régions sauf les Hauts-de-France disposent d’un système de réservation obligatoire, avec des différences au niveau de la gratuité, des périodes de l’année, du périmètre des lignes concernées et des usages (quotidien ou cyclotouristique).
Durant toutes ces années, le Collectif a eu l’occasion d’expliquer son opposition à la pérennisation ce système aux représentants de la région et de la SNCF.
Notre position à partir d'une expertise d'usage
L’actuelle vice-présidence en charge des transports en Occitanie prenant en exemple le modèle hollandais seulement sur le très faible emport, il est utile de rappeler que :
- les Pays-Bas sont un petit pays densément peuplé avec de nombreuses villes proches les unes des autres (400 gares contre 4 000 en France) et un tourisme peu développé (3 à 4 fois moins de touristes qu’en France). Ils sont très différents de l’Occitanie et on ne peut y dupliquer le modèle tel quel ;
- si demain matin les 6 millions d’habitant·es d’Occitanie disposaient d’une flotte de vélos en libre-service aussi efficace que le système OV-Fiets et d’une offre de stationnement capacitaire et sécurisée dans chaque gare, la demande d’emport serait évidemment bien moindre ;
- les communes d’Occitanie ne sont pas toutes plates, et le nombre de vélos électriques est bien plus important qu’aux Pays-Bas. Avoir deux vélos électriques coûte cher et nécessite des solutions de stationnement sécurisées et fiables.
Ainsi, un nombre croissant d’habitant·es utilisent leur vélo pour aller jusqu’à la gare, et le mettent dans le train pour l’utiliser à l’arrivée ou faute de solution de sécurisation en gare.
Le système néerlandais à deux vélos n’est utilisable que si on fait régulièrement le même trajet (domicile <> travail/études). Si on veut avoir un système à deux vélos, il faut soit en posséder deux, soit en louer un des deux et que le coût reste abordable.
Par ailleurs, de nombreux·ses habitant·es mettent leur vélo dans le train pour faire des balades le week-end. La région affiche des ambitions fortes de développement du tourisme à vélo – « première destination du cyclotourisme en Europe« . On peut louer des vélos à des touristes, pour faire, par exemple, le canal du Midi. Mais le tourisme en itinérance, comme mode de vie, est pratiqué par des cyclistes qui possèdent leur propre vélo. S’il est impossible ou trop contraignant de mettre dans le train pour faire de longues distances, ces cyclistes iront pédaler ailleurs.
S’il est compréhensible de mettre en œuvre de manière transitoire un système de contrainte, il doit être un tremplin vers des capacités d’emport supplémentaires sur certaines lignes/horaires surchargées, en complément d’un net renforcement des solutions de stationnement sécurisées et d’un système de location de vélos en gare crédible.
Fort de l’expérience d’usage du réseau, et d’une enquête menée auprès de centaines d’usagères et d’usagers, le Collectif a porté des propositions concrètes :
- Pas de réservation aux heures de pointes pour les personnes abonnées.
- Augmentation du nombre d’emplacements vélos des trains, et modularité pour l’accroître sur les lignes et les périodes de forte demande, comme le fait déjà la région Auvergne Rhône-Alpes.
- Simplification et amélioration de l’ensemble du processus de réservation.
- Identification des espaces vélos des trains lors de la réservation pour anticiper le placement des vélos sur le quai.